Historique
Le moulin à eau a été la première machine, construite par l’homme, mue par une force naturelle. A l’origine sont apparus deux types de roues : la roue horizontale, et la roue verticale. La roue horizontale est le type le plus simple : située juste sous les meules, elle fait tourner directement la meule tournante, sans aucun engrenage, sans démultiplication. La roue verticale impose l’utilisation d’un mécanisme de renvoi d’angle, donc d’engrenages. C’est un mécanisme nettement plus complexe. Au départ, les molinologues s’accordaient à penser que la roue verticale, plus complexe, était une invention plus récente que la roue horizontale, mais la découverte de textes anciens a mis à mal cette certitude. Quoique plus simple, la roue horizontale n’est pas forcément plus ancienne et il est fort probable que l’évolution des deux techniques ait été parallèle, les deux types de roues existant en même temps. Ces mêmes auteurs s’accordent cependant pour dire que l’origine du moulin à eau remonte au 1er siècle avant Jésus Christ.
Il existe de nombreux types de roue de moulin. Parmi celles-ci, la moins connue est sans doute la roue horizontale. Selon certains auteurs, c’est le type de roue le plus ancien, mais tous ne partagent pas le même point de vue.
(© provinciebestuur van Oost-Vlaanderen.)
Cette roue, placée directement sous les meules peut cependant être considérée comme l’ancêtre de la turbine.
De l’Orient dont il est originaire, le moulin à eau va progressivement et irrésistiblement conquérir toute l’Europe au point qu’entre le 11e et le 13e siècle, tous les cours d’eau européens seront aménagés pour actionner des roues.
Un texte grec de 89 avant notre ère s’adresse en ces termes aux femmes occupées à faire de la farine : « Femmes occupées à moudre le blé, cessez de fatiguer vos bras ! Vous pouvez dormir à votre aise et laisser chanter les oiseaux dont la voix annonce le retour de l’aurore. Cérès ordonne aux Naïades de faire ce que faisaient vos mains : elles obéissent, elles s’élancent jusqu’au haut d’une roue et font tourner un essieu : l’essieu, par le moyen des rayons qui l’entourent, fait tourner avec violence les meules qu’il entraîne. Nous voilà revenus à la vie tranquille de nos pères : nous apprenons à préparer les aliments et à recueillir sans peine les fruits des travaux de Déméter ».
Une des plus anciennes représentations d’un moulin doté d’une roue par dessous. (Archives de la ville de Bruges – 1460)
© provinciebestuur van Oost-Vlaanderen.
Par ailleurs, ces roues ne serviront pas qu’à produire de la farine. La roue hydraulique a permis le fonctionnement de nombreuses machines : forges, scieries, papeteries, pressoirs, pompes, etc. Jusqu’à la fin du 19e siècle, le moulin à eau restera le centre nerveux des activités industrielles et alimentaires. L’arrivée de la machine à vapeur d’abord, des autres sources d’énergie ensuite, sonnera le glas des moulins à eau dont le nombre ne cessera de décroître depuis les années 1880 jusqu’à nos jours. Actuellement, il ne reste que quelques dizaines de moulins à eau en Wallonie et, parmi ceux-ci, très peu sont encore capables de travailler grâce à leur énergie d’origine : l’eau.
Le moulin de Gentinnes trouve ses origines au milieu du 13e siècle. Dès 1238, un moulin se trouvait déjà sur l’emplacement actuel du moulin qui, lui, date de 1852. A cette époque, les deux roues qui équipaient alors le moulin ont été remplacées par la roue à augets actuelle. Depuis lors, et jusqu’en 1995, le moulin de Gentinnes n’a jamais cessé ses activités et, fait rare dans l’histoire des moulins, a toujours fonctionné grâce à la seule force de l’eau.
Extrait du plan annexé à la demande de permis de bâtir du moulin actuel, introduite en 1852 par la famille Minet, propriétaires à l’époque de l’ancien moulin.
Depuis la fin des années ’60, le moulin a cependant arrêté la production de farine panifiable. Seule la fabrication d’aliments pour le bétail s’est poursuivie jusqu’en 1995. Durant cette période, le moulin a fonctionné avec une roue qui n’a cessé de se délabrer de plus en plus, jusqu’à son arrêt définitif, en hiver 1995…